www.guigue.org | Du Grand Architecte de l'Univers par Henri D. l'invité du mois |
Bienvenue |
Dans le monde de l’initiation, nous retrouvons toujours les trois formes d’un même principe, que les hommes depuis la nuit des temps ont voulu représenter par des triades ou trinités comme le Père, le Fils, le saint Esprit, Osiris, Isis, Horus, Brahma, Civa, Vishnou, cette Trinité pouvant se trouver représentée par d’autres noms comme le Vénérable Maître, le Soleil et la Lune (dans les rites modernes), ou la Bible, l’Equerre et le Compas (pour les rites anciens) ! Le fait de changer les noms ne modifie en rienaux "puissances, principes et actions" qu’ils recouvrent.
Tout le monde sait que, dans toutes les trinités, on fait tenir au Créateur le rôle du Père, par une anthropomorphisation de mauvais aloi qui dénature et dévalorise tout, et que toute chose émane de lui. A côté de cette manifestation procréatrice se trouve le principe metteur en forme et transformateur : le saint Esprit des Chrétiens ou le Civa Ischvara des hindous, l'Etre en lui-même, qui ne tombe même pas dans le domaine de notre pensée la plus haute, car la pensée humaine ne peut pas le définir dans ses possibilités réelles. Je veux dire qu'il ne possède aucune des qualités qui définissent les êtres connus et ne peut être assimilé à aucun d'entre eux. En lui et par lui se trouvent manifestées toute intelligence, toute vie, toute forme, toute possibilité d'être, mais dans un aspect tellement abstrait que, même pour donner une première création à toutes ces formes qui aspiraient à la vie, l’Eternel s’est différencié de lui-même, par une sorte d'ébranlement ou de bing-bang, se manifestant sous un aspect qui n’a naturellement rien de matériel, il est devenu Celui qui Est, c'est-à-dire le Dieu manifesté, celui qui préside à I’existence de ce monde comme de tous les autres mondes. Toute vie vient de l’Eternel, de Brahma, d’Allah, du GADLU qui regroupe en lui tous les noms des dieux, et doit revenir à lui, mais il y a bien du chemin à parcourir avant que l'homme ait pris conscience de la présence en son coeur de la divinité. Il lui faudra on ne sait combien de temps, avant que la révélation lui soit faite provoquant l’éveil, ce qui ne pourra s’opérer que lorsque le cur sera devenu un habitacle digne du dieu qui doit l'habiter. La divinité se cache dans le cur de celui qui la cherche, car elle sait bien que celui qui la cherche finira bien par la trouver, pourvu qu'il ne ménage ni son temps ni ses peines. Cette graine minuscule qui a été semée dans le cur de l'homme et qui doit y devenir l'habitacle du sublime architecte des mondes, c'est la découverte et la reconstitution de sa personnalité véritable, et non de celle qui fut artificiellement façonnée et qui vit aujourd’hui uniquement occupée à la satisfaction des besoins matériels, des plaisirs personnels et l’apaisement des malheurs individuels, sans se douter que ces plaisirs et ces peines ne dépendent pas du monde des hommes mais que les épreuves sont imposées comme une sorte de signal d’alarme indiquant que l’on se perd, que l’on n’accomplit pas ce que l’on s’était engagé à faire avant de venir dans ce monde. C'est dès le premier instant où l'être a senti que, sous toutes les apparences de la vie fallacieuse, se cache une vie plus réelle, que c'est seulement en se retirant de soi-même pour se retrouver dans une vie supérieure, qui aspire à se fondre avec la vie divine. Elle ne pousse pas hâtivement et, pendant quelques existences, c'est une donnée bien vague, une petite flamme à peine perceptible, jusqu'au moment où, sous une direction ou, par suite d'une lecture, ou par n'importe quel autre appel, l'humain trouve sa voie ; il devient alors un Cherchant et il ne tâtonne plus. Quand cette perception lui est venue, il ne connaît plus d'obstacles, et sa délivrance lui devient le seul besoin qu'il puisse sentir. Il cesse de se fier aux forces comme il l’a fait sans cesse jusque là, car ses propres expériences lui ont appris que nos sens nous mentent constamment et que toutes les erreurs de notre âme proviennent de la foi que nous avons ajoutée à leur témoignage. Les choses visibles ne sont rien en elles-mêmes que des apparences et nous devons, pour les posséder, les pénétrer en leur essence. Mais, quand l'homme est arrivé à ce stade, la possession des objets sensibles a bien diminué de prix à ses yeux ; il n'aspire plus qu'a l'éternel, à ce gui ne peut mourir ni changer, et cette immuabilité, il ne peut la trouver dans les êtres doués de forme, car qui dit forme dit changement. L’absolu, l'immuable ne peuvent se trouver qu'en la divinité du Grand Architecte de l’Univers. C'est un point d'arrivée où les plus sages et les mieux entraînés arrivent difficilement. Pour que cette délivrance se produise, il faut subir bien des existences et, dans les dernières - je ne dis pas la dernière - avoir consacré tout son temps à la recherche de la vérité, de l'Absolu que nous dérobe le monde, des choses, formelles et différenciées, piège charmant du regard et de l'affection, mais sans existence réelle, puisque seul le Grand Architecte existe. Beaucoup, parmi les plus savants en l’Art et les plus sages, privilégient le principe divin du GADLU que l’on peut considérer comme la causalité première, mais aussi comme la causalité " spécialisée ", sortie de son repos pour donner la vie et la forme à ces apparences que le sage ne doit pas considérer comme autre chose que des moyens de parvenir à la perfection, comme des symboles, d'une existence supérieure qui les conduira vers la seule existence, souhaitable, l'abandon volontaire, d'abord de toute personnalité, puis de toute direction volontaire, dans le sein lumineux de l'Absolu. Ce n'est qu'après, avoir aboli en soi toute individualité que, parfois pour une courte durée, l’on peut arriver à la délivrance consciente. Une fois parvenu a cet état, même pour le temps d'un éclair, on est sûr de ne pas revenir en arrière, d'aboutir, dans un temps déterminé, dans une libération ou un Nirvâna qui n’est pas comme on le croit trop facilement une sorte de sommeil et d’inconscience, mais au contraire l'extinction de toute vie terrestre, de toute agitation de l'âme, pour arriver à la fusion volontaire et consciente dans la vie qui ne change point parce qu’elle n’a pas d’aspect, mais en qui se résume toute vie, toute activité supérieure. Une ascèse excessivement rigoureuse, un renoncement acharné peuvent seuls conduire à de tels états, mais l’Oriental possède en son coeur et en son âme la volonté et le trésors des expériences personnelles vécues dont les races occidentales connaissent rarement la force trop occupées à théoriser les choses au lieu de les vivre. Cherchant, tu parviendras à ton initiation complète par des voies moins rudes et moins, périlleuses, certes mais tout aussi exigeantes car la Connaissance ne se laisse pas approcher ; elle ne se révèle pas à ceux qui se montrent indignes d’Elle. Si les hommes vivent essentiellement tournés vers la satisfaction de leurs besoins égocentriques, ils n’obtiendront rien, mais rien n’interdit aux autres de se consacrer à la recherche de la Vérité. Ceux qui bénéficient d’une initiation possèdent une chance remarquable car, s’ils deviennent effectivement soucieux de se rapprocher du divin, ils comprendront rapidement vers quoi tend cette mort fictive que l’on ne saurait séparer d’aucune initiation valable. C’est dans ce détachement absolu de tout et de lui-même que l’adepte peut espérer s’élever jusqu’au coeur de la lumière, ce qui lui permettra d’accéder à l’objet divin de sa recherche. Cette union parfaite demeure impossible pour celui qui vit essentiellement préoccupé par la satisfaction des sens, dans l’inquiétude des affaires, dans le rythme perturbé et perturbant de la société actuelle. Mais pour celui qui a accepté de voir les monde et les hommes avec un certain recul, afin de les appréhender dans leur réalité et non sous celle qu’ on leur affecte arbitrairement, celui qui s’est retiré dans son " désert " intérieur, ne fut ce qu’un instant, celui-ci pourra découvrir le sens mystérieux de la vie et de ses finalités ; son âme connaissant le chemin pouvant mener à l’éternité ; elle saura le retrouver lorsque le jour du trépas. Cherchant, il est plus d’une voie pour arriver au but que tu cherches et celle qui t’est offerte ne compte pas parmi les plus aisées mais rien ne doit faciliter la quête de celui qui aspire à la divination de l’Etre. Cependant, ne crois pas que le détachement que préconise toute initiation ne te soit en rien demandé. Au contraire, pour arriver à la mort fictive et pour obtenir d'elle tout le bien que tu en attends, il faut d'abord arracher de ton cur et de ton esprit tout ce qui est inutile, car ce qui est inutile est déjà nuisible. Regarde le monde qui t’entoure comme un livre ouvert où tous les êtres sont des images et manifestent pour toi non des moyens de plaisirs mais des enseignements. Il n'est rien ici-bas qui ne soit un symbole, et tous les symboles doivent parler à ton cur et à ton esprit de celui qui les a formés. Même si tu te trouvais dans le plus entier dénuement, si tu comprends cette vérité, tu posséderas le monde autrement et mieux que ne peuvent faire les plus opulents potentats. Tu ne te contenteras pas de la décevante volupté des yeux, pas même de la satisfaction artistique, créatrice de joies plus hautes, mais chaque objet de ce monde te parlera dans son langage de cet Absolu à quoi tu tends de toutes les puissances de ton être, en qui seul tu trouveras l'apaisement complet de ton cur et de ton esprit. C'est parce que l'Inde a compris le monde de cette manière qu'elle a créé dans son âme et dans ses uvres cette prodigieuse poésie où tous les êtres fraternisent, se comprennent et s'aiment, tendant tous au même but, qui est l'avènement de la lumière dans la paix entière retrouvée. Pour toi, Cherchant, sans renoncer aux affections permises ni aux devoirs de ton état, tu peux laisser aller ton âme et ton cur à cette radieuse tendresse envers tous, tendresse qui te pénétrera si tu les considères comme ce qu'ils sont, des frères venus d'un même Père céleste, mais qui ne sont pas encore arrivés au stade que tu parcours. Que cette pitié fraternelle soit le fond commun de toutes les affections que tu éprouveras en dehors de ton foyer et, là encore, fais le départ entre ce qui est licite et ce qui ne l'est point. Car les passions ne sont pas interdites par un caprice du législateur; elles doivent être écartées de l'adepte, parce que ce sont elles qui troublent son esprit, le conduisent au mal. Pour toi, Cherchant, crée en ton cur le plus de calme possible, écartes-en toute violence, car ton âme doit être sans cesse comme un lac paisible où se mirent les lumières venues d'En haut. Pas plus que la lumière visible ne se mire en une eau troublée, ces lumières ne peuvent atteindre que les âmes où règnent les joies pures, les affections désintéressées, la Beauté pure, la Sérénité parfaite. Henri D. |